L'annonce du retrait de Beauvais, club le plus titré du Grand Prix, ammène beaucoup de questions. Les conversations sur le forum indique que peu de monde connait réellement le Grand Prix, son fonctionnement et son apport pour notre sport. Suivant le Grand Prix depuis 2002 en tant que photographe, étant en relation avec de nombreux clubs, organisateurs et membres de la fédération et ayant été moi-même président de club de D1 pendant 5 ans (Nantes pour ceux qui se poseraient la question). Je vous en propose à travers une série de billets (un ne suffira pas à tout dire) de vous le présenter plus en profondeur sans tabou avec ses enjeux et ses faiblesses.

Mais tout d'abord, qu'est ce que le Grand Prix?



A minima le grand prix, c'est 30 équipes (14 féminines, 16 masculines) qui se rencontrent lors 5 organisations sous l'égide de la fédération. Cela fait donc une trentaine d'acteurs qui contribuent au Grand Prix de différentes manières avec des intèrêts et attentes parfois (souvent?) divergents.

Je vais me lancer dans une estimation plus ou moins éclairée de l'apport de chacun des partis:

Les clubs

Un club dépense en moyenne 30 000€ pour une saison de D1, cela couvre les frais de déplacements sur les étapes, les équipements des athlètes, les licences & inscriptions aux épreuves, l'encadrement et une part très variable de primes de course (Même en ajoutant les 250€ de primes du meilleur jeune, les 1 000€ de prime au vainqueur ne suffisent malheureusement pas à attirer le gratin mondial du triathlon sur les épreuves). Cumulativement cela représente la somme de 900 000€ tout de même. C'est sans aucun doute la principale force du grand prix. Cependant tous les clubs sont loin d'avoir les mêmes préoccupations... Il n'y a pas vraiment 2 clubs qui se ressemblent, les écarts de budgets et différence de structure sont énormes mais on notera que les équilibres sont toujours assez fragiles. Lorsque le club qui semblait le plus solide jette l'éponge cela n'a rien de rassurant.

Les organisateurs

Coté organisateur, la tache est de remplir le cahier des charges fixés par la fédération et d'offrir de belles étapes, il faut compter sans doute 60 000€ pour un GP de triathlon (dont 30 000€ de grille de prix, je n'ai pas vérifié pour 2011 mais ça doit être l'ordre de grandeur). Soit 300 000€ d'investis pour la série (dont 150 000€ qui sont reversés aux clubs). On ne s'en rend pas toujours compte un simple ponton peut facilement chiffrer dans les 10 000€, l'addition monte donc assez vite. Là encore cependant il y a certainement une grande variabilité de coûts suivant les lieux investis, les structures organisatrices sont aussi très variables (un club pour Dunkerque, une ligue pour Tours, la fédération pour Paris, Une école de commerce pour la Baule, ...) les attentes ne sont donc la encore pas forcement uniformes.

La fédération

Elle se charge d'orchestrer le grand prix via notamment la règlementation, la sélection des étapges, l'infrastructure -parc à vélo, arches, etc...-, promotion générale de série (production vidéo,...), etc... J'estime la dépense totale à 250 000€ d'investis sur la saison. La fédération ne parle pas forcement d'une seule voix entre les élus/commissions en charge des grandes épreuves, la direction technique nationale, la commission d'arbitrage nationale, les salariés qui gèrent le GP au quotidien (marketing, communication, administratif, ...), ... cela fait beaucoup de monde qui parle au nom de la fédération.

Je précise encore une fois que les montants cités ne sont que des estimations de ma part basées sur les discussions que j'ai pu avoir avec les uns et les autres et tirée de mon expérience. Si mes estimations sont exactes on peut ainsi considérer que culmulativement plus d'un million d'euros est investi chaque année dans le Grand Prix. C'est à la fois beaucoup dans le monde du triathlon et peu dans le monde du sport élite. Le Grand Prix ne gènérant aucune recette directement (pas de billeterie ou de droits télés) c'est auprès des partenaires privés et surtout publics que le financement est recherché.

On notera la fragmentation des investissements dans le Grand Prix : Les organisateurs et la fédération seuls seraient bien en peine d'offrir un tel plateau sur chaque épreuve sans l'aide des clubs. Inversement le label "championnat de France des clubs - division 1" est sans doute indispensable à la majorité des clubs et des organisateurs pour se financer auprès de leurs partenaires (c'est l'un des enjeux cité par Beauvais précisement). Il y a inter-dépendence des uns et des autres, ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il y aie entente sur bien des sujets.

Globalement il n'y a rien d'exceptionnel dans ce mode de fonctionnement, hormis le foot -et encore-, il me semble que peu de championnats existeraient en France sans l'aide des collectivités territoriales. Par les temps qui courrent ce n'est peut-être pas un mode de fonctionnement durable cependant et l'age d'or des subventions "faciles" obtenir est sans doute derrière nous.. Le challenge à très court terme est donc d'arrivé à diminuer la dépendance vis-à-vis des fonds publics. Cela ne pourra se faire qu'en augmentant l'attractivité de la série pour permettre d'attirer plus de partenaires privés, un sujet vaste que je vais explorer dans mes prochains billets.

Je ne prétend pas détenir LA vérité, je laisse le soin à chacun de me corriger, d'apporter son point de vue sur le forum, ou aussi de m'apporter votre soutien dans ma démarche :)

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